Pasaia, Pays Basque
Les abords d’une cité dortoir faufilée entre et sur des mornes, dressant des immeubles rouges noircis, sans attrait, laissent place à une petite ville neuve et laide. Entre les inscriptions demandant l’amnistie de membres de l’ETA, les passants marchent vite, sous le soleil. Le vent de la mer, que l’on devine toute proche, passe une tiédeur latente.
Au loin, se voient les bateaux d’un port de commerce, et parviennent des odeurs de casse et de cambouis, venus d’un parc à ferraille et d’un parking qui bouchent la vue.
On se demande ce que l’on fait là, puis on s’avance. Les maisons se ramassent, vieillissent. Mais rien ne fait regretter d’être ici. Surprise sombre et grotesque que l’on rejoint après une courte traversée en caboteur. Le village est pauvre, il sent l’odeur âcre et crayeuse de la fiente de pigeons, la lessive et la friture.
Les armoiries au fronton des vieux hôtels particuliers ont fondu, et sur la grand-place se jetant à l’eau, les maisons tiennent encore à l’aide de solives non dégrossies.
Il y a les vieux salons de coiffure, les bars sans façade, où se retrouvent les gens du quartier, pour parler fort, et les chats, les murs qui crient basque, et un musée Victor Hugo, passé par là.
La ville se casse en deux, un fjord apparaît, menant à la mer. Un porte-conteneur disparaît à l’horizon, entre deux flancs encaissés. A se demander comment il trouve suffisamment de tirant d’eau pour ne pas s’échouer.
Chaque jour, le sillage des cargos secoue les barques amarrées le long de ce village basque patiné de suint et d'âge, aux allures de Frise et de Norvège.