Baptiste Fillon

(rien à voir avec François)

Le site de Baptiste Fillon, auteur du roman Après l'équateur, publié chez Gallimard, dans la collection Blanche.

Les jardins à la française et le ciel

J'aime désormais les jardins à la française. Je vieillis, peut-être. Auparavant, je n'y trouvais qu'une tentative vaine de faire des droites et des figures géométriques avec la nature. Une vacance du jardinier, et tout se délitait. C'était prétentieux, impermanent, futile. A l'image de la Cours de Louis XIV. A ce compte-là, autant se contenter d'un jardin sec, de sable et de caillou, pensais-je.

Je reviens de Chantilly. Et j'ai aimé ses jardins à la française, même s'ils sont, à mon sens, moins beaux que ceux de Versailles. Je crois que les impressions versaillaises ont sédimenté et que j'ai découvert à Chantilly un des secrets des jardins "à la" Le Nôtre, par une magnifique journée d'été.

Ces jardins vont avec le ciel, ils dessinent dedans. Ils sont une perspective de son éternel. Au contraire des jardins à l'anglaise, qui trouvent leur fin sur terre, contrefaisant la campagne du week-end, un romantisme de pacotille, à la Marie-Antoinette.

Les jardins à la française sont baroques, tentant un équilibre qui ne sera jamais l'égal de celui du cosmos. Le Nôtre était géomètre, et un mystique. Son art est celui de l'ordre et de l'humilité. Car ses jardins ne sont rien sans le ciel. Oui, ils sont une figure à deux bandes, s'appuyant contre Dieu ou l'illusion qui usurpe son nom, auxquels ils soumettent un essai de permanence, artificiel, hérissé de buissons à cônes, de parterres anguleux, et d'autres impossibles.