Ecrits corsaires, Pier Paolo Pasolini
Pasolini attaque partout, avec l’intransigeance de l’intellectuel, la clairvoyance de l’inactuel.
Une droiture que l’on ne pardonnait pas, dans l’Italie des années de plomb. Pasolini fut déchiqueté sur une plage d’Ostie.
Il se dit communiste, mais Pasolini est autre chose, et il est encore autre chose qu’autre chose, où se trouvent le confort, la lâcheté. L’Italie est un grand et vieux pays, arrivé très jeune et immature dans la société de consommation. En quelques années, la vieille Italie de la souffrance et de la dignité s’est convertie en bazar, en parodie.
Parfois verbeux, toujours déchaîné, honnête, Pasolini évoque l’indifférentisme de la société de masse, qui lisse les points de vue, les rêves et les aspirations. Plus rien de grand, d’inactuel, sinon le vécu, le présent, la satisfaction immédiate, le jeu, et le cynisme de ceux qui encouragent l’aveuglement. Rien de plus sérieux que l’accumulation, la parade.
La société de la liberté a besoin d’adultes, d’esprits constitués, capables de prendre du recul, et d’avoir du courage ; à défaut, les manipulateurs se chargeront de constituer les hommes, à leur guise. Ce que nous voyons aujourd’hui au sein du parti de la haine, de la bêtise, de l’inculture et de l’immédiateté : les fanatiques et les idiots cruels, religieux comme politiques.