Baptiste Fillon

(rien à voir avec François)

Le site de Baptiste Fillon, auteur du roman Après l'équateur, publié chez Gallimard, dans la collection Blanche.

J’allais aux putes autrefois, par crainte de la solitude. Le genre humain s’emboîte de la même façon, à Dakar, Manille ou Londres ; l’amour physique enseigne qu’on est de la même famille.

Après nos nombreuses nuits de noces, avec Marisa, on parla d’engagement à perpétuité lors de mon dernier voyage à Salvador.

C’était à l’époque des eaux de mars, lorsque l’été dégringole en averses ; une vraie débâcle. Après le déluge, l’été ne revient plus.
— Page 53

L'histoire du livre

Après avoir lu mes deux premiers romans, un ami m’a conseillé d’écrire une histoire simple, sur un sujet qui me soit proche, et facile d’accès. 

J’ai commencé Après l’équateur par une scène qui se trouve maintenant au début du chapitre sept : Tonio et Marisa viennent de faire l’amour ; elle s’endort, il se rhabille, sort sur le balcon pour contempler Salvador da Bahia, plongée dans la nuit.

La trame du roman s’est organisée autour de cet épisode : un marin en fin de carrière, doit faire le choix entre deux familles, l’une vivant à Marseille, l’autre à Salvador da Bahia, au Brésil.

Salvador da Bahia, quartier du Pelourinho.

Ces deux villes m’ont profondément marqué, et pas seulement par le tempérament exubérant, sanguin, de leurs habitants : Bahia est africaine, mystique, vieille, décatie, et incroyablement précieuse; Marseille est une ville d’immigration, à l’identité à la fois extrêmement forte et changeante, plus méditerranéenne que française, empreinte de superstitions corses, arméniennes, juives, italiennes, et arabes.

Dans ces villes où personne ou presque n’est d’ici, tout le monde travaille à s’inventer une histoire. Le passé se mêle aux mythes des ancêtres arrivés pieds nus, déracinés, manquant de tout.

Ces deux villes tiennent sur les héritages et les cultures d'outremer, jamais assimilés ni totalement disparus, composés de ce matériau incertain qui forge les hauts lieux de l’imaginaire.

 Le choix de Salvador da Bahia est aussi très lié à mon admiration pour Jorge Amado, peut-être le premier auteur que j’aie lu avec passion, comme on dévore quand on a faim. Son Bahia de tous les Saints reste pour moi un roman d’aventures indépassable.

M’inspirant de lui, j’ai voulu recréer une langue à la fois mélodieuse et heurtée, qui rappelle la rugosité du parler des gens de mer et du petit peuple de Bahia comme de Marseille.

Salvador da Bahia, vue sur la baie de tous les Saints.

Le héros du livre tient un peu de la figure de mon père, marin lui aussi, qui débuta à quinze ans sur les bancs de Terre-Neuve, puis navigua sur les pétroliers, au long cours, et termina sa carrière aux Phares et Balises du Havre.

Plus soudés qu'une équipe de foot. Le paternel est en bas, deuxième en partant de la gauche. 

J’ai repris quelques-unes de ses histoires de voyage dans Après l’équateur, en les tordant, de façon à me les approprier. Ses souvenirs ont formé mon imaginaire. C'est lui qui m’a donné le plaisir de la curiosité, le goût du voyage, de la lecture et de l’écriture. Ce livre lui est dédié.

Quelques morceaux de musique évoqués dans le roman

Une chanson parfaite est une religion d’une poignée de minutes
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