De Grâce, premier jour de tournage
C’était la première fois que j’assistais au tournage d’une fiction que j’avais écrite (avec Maxime Crupaux pour l’ensemble des épisodes, ainsi que Malysone Bovorasmy et Sylvie Chanteux, pour les épisodes 3 et 4). Le premier jour d’un tournage est le moment où s’incarne de façon la plus nette le caractère quasi magique de l’écriture. Comme si un écrivain voyait soudain s’animer ce qu’il avait posé sur le papier. Le texte lance le mouvement de savoir-faire, d’histoires et de talents qui se rassemblent et se nouent pour incarner les péripéties que vous avez imaginées, conçues, formalisées, avec leur rythme, leur respiration et leur gouaille. Le texte prend une gueule et des voix. C’est aussi la petite mort d’un fantasme qui a mûri pendant plusieurs années. Car il va exister. C’est émouvant, déroutant, mais aussi angoissant : ça va avancer, ça va se faire, il n’y aura plus moyen d’y couper. Enfin et surtout, c’est un immense bonheur, une grande fierté. De grâce, c’est la série de ma ville. En littérature comme en scénario, j’écris par et pour un endroit, en m’affranchissant du naturalisme quand je l’estime nécessaire. Un supermarché, une mégapole, une forêt tropicale ou une piscine, peu importe… chaque lieu contient de quoi mettre en branle des personnages, de grandes histoires, pour qu’on prenne le temps d’explorer ces endroits et de se documenter. Même si c’est pour ensuite s’affranchir de ce matériau.