Notre jeunesse, Charles Péguy
Une note de lecture qui dégénère en brillant essai sur le rêve d’une politique jamais lâche, jamais vile, jamais intéressée, sinon par les buts et la noblesse qui la portent. Le dreyfusisme fut un grand soulèvement, il a bâti la valeur humaine, la dignité d’un seul être à conquérir sur l’institution. Certains y ont perdu leur vie et leur dignité pour ne récolter que l’oubli, comme Bernard Lazare.
L’essai de Péguy est une célébration du courage, une flétrissement de la bassesse, surtout quand elle s’empare de la morale pour se faire cheffe de parti. En cela, il méprise Jaurès. Dans sa parlote brillante, sa ratiocination tenace qui ronge et fouille, Péguy pose des phrases devenues maximes, ainsi que la célébration d’une idée française de l’engagement et de l’universalisme.
Oui, cet essai peut avoir quelque chose de contemporain, d’annonciateur et de visionnaire. Notre jeunesse est surtout inactuel, sans compromis pour les chapelles d’alors, les intérêts en campagne et les jeux des machines politiques ou des convenances. Péguy l’a payé cher, rudement. Il reste l’un des nôtres, surtout pour ceux qui sont en quête de courage et de renouveau. Et ces derniers sont nombreux, fatigués de ne plus trouver de mystique et d’espoir dans la politique, cet univers où tant de médiocres occupent les places de choix. Et ils le crient en s’abstenant.