Winter break, Alexander Payne
Un lycée pour gosses de riches déserté durant les vacances de fin d’année, un prof d’histoire ancienne plus copain avec Démosthène qu’avec son siècle, un sale gamin abandonné par sa mère, une cuisinière noire en deuil de son fils tué au Vietnam. Nous sommes fin 1970 et ces trois personnages n’ont rien en commun, rien ne les destinait à se rencontrer.
Le film est une lente et sûre montée en tension, sans éclats de rire gras, sans violence, sans explosion de sécrétions. C’est la grandeur de la chronique, l’intensité sourde de la vie des gens normaux, la noblesse routinière des personnes croisées dans la rue, sans “cliffs” qui claquent ou presque, sans morceau de bravoure, sans poursuites en Ferrari. Winter break, c’est un très beau film, mûr et sûr de ses effets, doté d’une photographie qui joue à merveille des blancheurs crues de l’hiver, des mélancolies de toutes les vies qu’on aurait rêvées et de celle qu’on doit se bâtir sur ces deuils.