Baptiste Fillon

(rien à voir avec François)

Le site de Baptiste Fillon, auteur du roman Après l'équateur, publié chez Gallimard, dans la collection Blanche.

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Winter break, Alexander Payne

Un lycée pour gosses de riches déserté durant les vacances de fin d’année, un prof d’histoire ancienne plus copain avec Démosthène qu’avec son siècle, un sale gamin abandonné par sa mère, une cuisinière noire en deuil de son fils tué au Vietnam. Nous sommes fin 1970 et ces trois personnages n’ont rien en commun, rien ne les destinait à se rencontrer.

Crédit photo : Universal pictures

Le film est une lente et sûre montée en tension, sans éclats de rire gras, sans violence, sans explosion de sécrétions. C’est la grandeur de la chronique, l’intensité sourde de la vie des gens normaux, la noblesse routinière des personnes croisées dans la rue, sans “cliffs” qui claquent ou presque, sans morceau de bravoure, sans poursuites en Ferrari. Winter break, c’est un très beau film, mûr et sûr de ses effets, doté d’une photographie qui joue à merveille des blancheurs crues de l’hiver, des mélancolies de toutes les vies qu’on aurait rêvées et de celle qu’on doit se bâtir sur ces deuils.

Mon dernier soupir, Buñuel

Après avoir vu Viridiana, songeant à combler mes immenses lacunes dans le domaine du cinéma, je me suis lancé dans la lecture de l’autobiographie de Buñuel, consignée par Carrière, intitulée Mon dernier soupir.

Comme dans son film, j’ai retrouvé la même lucidité sévère, sur le Bien comme le Mal, et une espèce de bonhommie dure, qui chasse l’ingrat, le malveillant, et embrasse de tout son coeur celui ou celle qu’elle aime. Buñuel est tendre, curieux et honnête dans ses sidérations face à Dieu, ses appétits d’amour et ses terreurs morbides.

Un artiste, ça recrée la réalité à partir ce qui en semble le plus éloigné : les rêves, les autres oeuvres de l’esprit et l’espoir délirant de contenir le monde en soi. Et cela échappe à toute morale, toute doctrine.

Il me semble en réalité qu’il n’était pas nécessaire que ce monde existe, pas nécessaire que nous soyons ici en train de vivre et de mourir.
— Luis Buñuel